Limitation à 80 km/h : le décret publié au journal officiel
Après des mois de controverse, l’abaissement de la vitesse sur les routes secondaires est officiellement entré dans la loi, qui s’appliquera au 1er juillet.
Le décret d’application abaissant de 90 km/h à 80 km/h la vitesse maximale autorisée sur 400 000 km de routes secondaires à partir du 1er juillet a été publié dans la nuit du 16 au 17 juin au Journal officiel, après des mois de controverse.
Cette limitation de vitesse s’appliquera sur les routes secondaires à double sens sans séparateur central (muret, glissière), soit 40 % du réseau routier français. Source de sempiternelles querelles, cette mesure vise à réduire la mortalité routière qui, après le plus-bas historique de 2013 (3 427 morts, métropole et outre-mer confondus), est repartie à la hausse entre 2014 et 2016. Cette tendance s’est inversée en 2017 (3 684 morts, − 1,4 % par rapport à 2016).
Annoncée le 9 janvier dans le cadre d’un plan gouvernemental visant à faire baisser le nombre de morts sur les routes, cette mesure suscite une vive contestation de la part d’associations d’automobilistes et de motards, d’élus locaux et même de ministres doutant de son efficacité. Dans un sondage publié en avril dernier, 76 % des Français s’y déclaraient opposés.
L’efficacité évaluée dans deux ans
Conscient du tollé qu’il allait susciter, le premier ministre Edouard Philippe s’est toujours dit « prêt à assumer l’impopularité » de cette disposition qui permettra, selon lui, de sauver 300 à 400 vies par an.
« Réduire le nombre de morts et de blessés sur les routes françaises est un véritable enjeu de politique publique », a-t-il ainsi répété le 18 mai, alors que la veille, le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, avait préféré brandir un « joker » quand un élu l’avait interrogé sur le sujet.
Une « clause de rendez-vous » est fixée au 1er juillet 2020. « Si les résultats ne sont pas à la hauteur de nos espérances, (…) le gouvernement prendra ses responsabilités », a assuré M. Philippe. Face à la colère de leurs administrés, des sénateurs ont créé un groupe de travail pour évaluer « l’utilité et l’efficacité » de la mesure. Ils préconisaient une application « décentralisée et ciblée », avec des routes limitées à 80 km/h choisies au niveau des départements en fonction de leur dangerosité, mais l’option n’a pas été retenue par le gouvernement.
Une carte des routes les plus dangereuses
Dimanche, l’accidentologue Claude Got a produit, pour le compte de la Ligue contre la violence routière, une série de cartes montrant que les routes concernées par cet abaissement sont les plus meurtrières. Elles seront en ligne sur leurs sites respectifs vers 20 heures.
L’Observatoire interministériel de la sécurité routière (Onisr) a déjà montré, dans une étude en date du 17 avril, intitulée « l’Accidentalité sur les routes bidirectionnelles hors agglomération », que les routes les plus « confortables » sont celles qui tuent le plus. Elles paraissent sûres parce qu’elles ont bénéficié d’aménagements, mais elles supportent un fort trafic, ce qui les rend dangereuses. En moyenne, « 10 % des routes ayant soit le plus fort trafic, soit la dimension stratégique la plus élevée, concentrent 38 % de la mortalité sur les routes bidirectionnelles hors agglomération ».
M. Got produit une carte de ces 400 000 km de routes. Il regrette que l’Onisr ne l’ait pas fait, car cela aurait rendu « plus acceptable » la limitation de la vitesse, impopulaire. En outre, cela aurait empêché certains élus ruraux de demander le maintien à 90 km/h de certaines routes, qui figurent en rouge sur ses cartes.
Source : Le Monde
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