L’assureur allemand Allianz, premier assureur européen, a lancé un avertissement aux constructeurs automobiles sur le manque de sécurité de leurs voitures connectées.
« Les voitures sont devenues des ordinateurs roulants. Or, les systèmes de protection sont insuffisants. (…) Les cyber-attaques sur les voitures connectées vont augmenter ces prochaines années », a prévenu Joachim Müller, membre du directoire d’Allianz Allemagne, qui a mis notamment en garde contre les risques d’accidents. L’assureur s’inquiète notamment des failles sur les boitiers de diagnostics embarqués (OBD2).
« Les avertissements de l’assureur sont à prendre au sérieux. Le scénario du hacker qui prend le contrôle de votre véhicule n’est plus une fiction. Une voiture peut être victime de cyber-attaques comme un PC », estime Ferdinand Dudenhöffer, professeur d’économie à l’université de Duisburg-Essen et expert du secteur automobile. « Or, dans le domaine de la sécurité, les constructeurs automobiles sont à la traîne. Ils sont restés trop longtemps dans le monde du offline. Les voitures doivent être aussi bien protégée que les comptes en banques », insiste-t-il. « Les voitures seront bientôt toutes connectées à Internet et deviendront une cible potentiel pour toutes sortes de criminels », insiste-t-il.
Prise de contrôle facile à distance
En 2015, la puissante association des automobilistes allemands (ADAC) avait mis à jour certaines failles en ouvrant par exemple les portes d’une BMW avec un simple téléphone portable. Aux Etats-Unis, deux chercheurs ont réussi à prendre le contrôle d’une Jeep Cherokee à distance. Par internet, ils ont actionné les freins mais aussi l’accélérateur, la fermeture des portes, des essuie-glaces et même la direction. « On peut facilement manipuler les compteurs kilométriques », remarque le porte-parole de l’ADAC.
L’assureur Allianz estime que les cyber-attaques automobiles pourraient être privilégiées par le crime organisé pour faire du chantage auprès des constructeurs ou des loueurs en menaçant de saboter des modèles précis ou une flotte de véhicules.
Des avantages jugés supérieurs aux risques
« La réputation du secteur automobile serait alors gravement atteinte », prévient l’assureur Joachim Müller. « Pour l’instant, nous n’avons pas encore enregistré de dommages », rassure Christian Weishuber, un porte-parole d’Allianz Allemagne.
Les failles de sécurité dans les techniques embarquées sont-elles alors si alarmantes ? « Les avantages de la voiture connectée, notamment la réduction du nombre d’accidents, sont beaucoup plus importants que les risques », rappelle Ferdinand Dudenhöffer. Pour y répondre, les constructeurs doivent seulement appliquer le même niveau de sécurité à leurs produits que les banques. « Il faut devancer les hackers et non pas leur courir derrière », insiste-t-il.
Par CHRISTOPHE BOURDOISEAU, À BERLIN – Publié le L ARGUS DE L ASSURANCE